Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/142

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— On ne peut juger de rien.

À l’heure du dîner, ils regagnèrent leur vieille maison. Sur le seuil de la salle à manger, le père Tranet les arrêta d’un air mystérieux :

— Louise à la migraine.

— Comment, la migraine ? Elle est allée se promener pourtant toute la journée, murmura le mari.

Et il monta jusqu’à la chambre conjugale.

Louise était étendue sur le lit, les yeux clos, les joues rouges ; ses petites mains se crispaient dans les draps avec des mouvements nerveux.

— Qu’est-ce qu’il y a encore ? demanda le jeune homme impatienté.

— Viens plus près, dit-elle timidement, et elle passa ses bras autour des épaules de son mari.

— Tu sais, avoua-t-elle, que le docteur Rampon est venu. Je lui ai promis pour demain matin… Je veux tout ce qu’on voudra, moi, seras-tu satisfait ?

Louis ne put s’empêcher de sourire.

— Voilà le secret de ta migraine, pauvre chérie ! Comme tu es donc romanesque… pour une petite consultation. Enfin, c’est très gentil de ta part, et notre mère te fera meilleure mine.

Ils s’embrassèrent. Louise pleurait.

— Je tiens à te faire plaisir à toi surtout, en ce moment, je crois qu’un reproche de toi me rendrait malade.

— Tu es exagérée, ma mignonne !

— Non, je ne suis pas exagérée, seulement j’ai peur, je suis inquiète, ma tête se trouble… À propos… qu’est-ce que c’est que cette belle dame ?