Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/143

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— Quelle belle dame ?

— La dame en satin noir.

— Curieuse ! C’est une cliente qui achète du bois dur pour les travaux d’un château. Des cheminées sculptées, m’a-t-elle dit. Elle est très bien.

— La reverra-t-on ?

— Non, ce sont ses deux frères qu’on reverra ce soir. Un monsieur Carini et un fou… le fou d’Amboise, tu sais ?

— Ce soir ! Mon Dieu… mon Dieu… ses deux frères ! Elle t’a certifié que c’étaient ses deux frères ?

— Mais, ma petite amie, elle n’a pas eu besoin de me le certifier, car je n’avais aucune raison pour en douter. Décidément, la fièvre te tourmente.

En ajoutant ce mot de fièvre, comme il était cependant charmé par sa subite obéissance, il tira de son agenda une carte.

— Voilà son nom, si cela t’amuse de le lire.

Louise se jeta sur la carte et lut :

Marcelle Carini Désambres

Ainsi, dans cette famille, le frère et la sœur portaient le même prénom. L’étrange famille ! Louise ne pouvait détacher son regard de ce carré de papier.

— Je te remercie, murmura-t-elle machinalement.

Le dîner, ce soir-là, fut plus triste qu’à l’ordinaire. Maman Bartau regrettait de n’avoir pas augmenté tout de suite les vieux morceaux de chêne dur, car il faudrait vingt ans pour en refaire de pareils. Louis songeait