Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/169

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part un feuilleton d’Alexandre Dumas qu’il avait suivi, de loin en loin, il se moquait carrément des faiseurs d’histoires amoureuses.

— Je ne prétends pas vous empêcher de la distraire, madame, vous êtes si bienveillante pour nous.

Marcelle éclata de rire.

— Vous êtes unique, vous, mon ami, et je puis mourir contente, j’aurai découvert l’homme primitif dont parlent les livres d’histoire naturelle.

— Merci, madame !

Louis se leva pour saluer. Il chercha sa canne sous un meuble, caressa le petit chat qui jurait, puis, mélancolique :

— Ce n’est pas à moi, dit-il, qu’on prêterait un bon roman.

— Tiens ! quelle idée ! Toute ma bibliothèque est à votre disposition, mon ami.

Elle se leva à son tour, et faisant pivoter des casiers chargés de livres, elle tira d’une rangée un elzévir très élégant relié en maroquin rouge.

— Voilà qui va vous damner, jeune époux raisonnable.

Il mit le livre dans la poche et eut un rire naïf.

— Des machinettes noires sur du papier blanc… ça ne m’effraye guère, madame.

— Promettez-moi de m’avouer vos fredaines. un soir. Il vaut encore mieux que vous la trompiez, n’est-ce pas, que si elle vous trompait, et presque toujours quand le mari débute, la femme devient jalouse et ne songe plus à faire des coquetteries aux autres.

— Quelle expérience vous avez, madame !

— Pour votre service, monsieur.