Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/175

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boudoir de sa grande amie, elle était tout essoufflée.

— Ah ! j’ai cru que je ne pourrais pas venir. Figurez-vous que papa fabrique une colle et il a mis le feu !

Elle tomba sur le divan aux coussins. Marcelle l’entoura de ses bras.

— Le feu ! où cela, ma chérie ?

— Au magasin… Les voisins sont tous en l’air, ma belle-mère est furieuse, papa pleure, mon mari s’impatiente… Quelle histoire, mon Dieu !…

— C’est charmant… je voudrais les voir, ces gens, ils doivent être absolument à peindre Vous savez que votre mari m’a demandé un livre comme celui que je vous ai prêté, ma mignonne.

— Tant mieux ! Si vous en faisiez un artiste comme votre frère… soupira-t-elle, je vous bénirais, madame, et je l’aimerais… comme j’aime votre frère ! Avez-vous de ses nouvelles ? ajouta-t-elle plus bas.

— Oui, ma chérie. Vous l’aimez trop, ce polisson, il ne le mérite pas, je suis jalouse de lui, tenez !

Mme Désambres s’était agenouillée devant la jeune femme, elle lui enlevait son manteau, son chapeau, la caressait, jouant avec elle et la traitant plus en petite fille qu’en amie sérieuse.

— Oh ! dites-moi vite, madame, dites-moi si je le verrai bientôt. Je pense tellement à lui, que j’ai peur de l’appeler la nuit quand je dors.

— Vous couchez donc toujours dans le lit de M. Bartau ? interrogea Marcelle en fronçant ses épais sourcils bruns.

— Toujours… mais… j’ai déclaré cette nuit