Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/176

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que j’avais la fièvre, vers une heure, une espèce de fièvre chaude qui me forçait à me lever tout d’un coup… Louis s’est réveillé en sursaut… je crois que cela ne durera pas.

Marcelle ne put s’empêcher de sourire.

— Tu es un ange ! dit-elle en lui baisant les mains.

Louise rougissait, mais elle la trouvait tellement bonne, cette Parisienne désœuvrée, qu’elle lui pardonnait ses folies. Ensuite, elle avait des nouvelles de son frère.

— M’a-t-il écrit ? demanda-t-elle.

— Oui… Un petit billet très court.

— Il est avare de ses pensées, monsieur votre frère, murmura la jeune femme désappointée.

— Lisez avant de réclamer, madame ma petite sœur !

Marcelle tira de son corsage une lettre que Louise décacheta avec rapidité.

Elle contenait trois lignes, cette lettre :

« Mon adorée Louise : J’ai, pour ce soir, la permission d’aller m’enivrer de votre présence, et je supplie ma chère Marcelle de nous inviter à dîner tous les trois. Tâchez de la fléchir, puisque vous avez la terreur du tête-à-tête avec votre esclave dévoué.

Marcel Carini. »

— Vous resterez, n’est-ce pas, madame ? supplia Louise les mains jointes.

Mme Désambres se redressa railleuse.

— Un joli métier !… j’allumerai, n’est-ce pas, les bougies de cire rose, qui éclaireront vos amours et je veillerai, contre les portes, à ce que votre mari ne vous surprenne pas. Je vous entendrai dire les plus énormes sottises sans