Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/180

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t-il en se précipitant vers elle… Il ajouta très anxieux :

— Ma sœur est donc sortie ?

— Je n’ai pas pu la retenir, monsieur Marcel, bégaya Louise, lui abandonnant toute sa personne dans une étreinte folle.

— Monsieur ! Tu me dis monsieur ?… Eh bien, elle est incorrigible, cette Marcelle… Quelle farouche vertu ! Avec cela qu’elle est moins coupable, quand elle est dehors… Nous nous en passerons… seulement, ne me dis plus monsieur !

Il la dévorait de caresses. Louise, les joues pourpres, ne résistait que faiblement, car il y avait toute une semaine qu’on ne s’était réuni.

— Je t’aime ! murmurait le jeune homme d’une voix ardente, et il renversait son front pour trouver sa bouche.

— Je vous en prie, Marcel, vous me faites mal.

— Menteuse ! ce sont les maris qui font mal et non pas les amants.

Il l’entraîna sur le divan mystérieux où les coussins étaient imprégnés d’une fugace odeur d’ambre. Loin des lampes, elle reprit son aplomb.

— Marcel, dit-elle vivement, vous avez oublié mes fleurs !

— Pensionnaire ! fit-il avec une expression attendrie.

— Je n’ai reçu que trois lettres bien courtes, Marcel, continua-t-elle, hochant la tête.

— Eh ! pardieu ! je suis accablé de travail, là-bas. Hector gâche tout ce qu’il touche… mais j’ai pensé aux fleurs… Madame… les voici.

Il lui présenta un écrin ouvert.