Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/184

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tombèrent à leur tour, puis le col. Louise se trouva demi-nue, le buste épanoui hors du corset sans savoir comment ce mystère s’était accompli.

— Marcel… vous me promettez d’être sage ?

— Je le jure, Louise… et pour te prouver ma pudeur… je vais me voiler la face !

Il posa ses lèvres au creux de sa gorge. Une folie s’empara d’elle.

— Jamais je n’ai eu si peur et jamais je n’ai été si heureuse. Est-ce que ton amour est autre chose que l’amour des hommes ? Sais-tu des caresses que les maris ne savent pas ?

— Louise ! cria le jeune homme enivré de passion, Louise… que dis-tu ?

Il était bien tard pour lui recommander la sagesse ! Les lampes s’éteignirent. La robe glissa sur le tapis..........

…À minuit, Louise, brisée de fatigue, les joues brûlantes, les yeux battus, rentrait chez elle. Son mari était déjà couché. Maman Bartau voulut user de son autorité, selon sa solennelle habitude.

— Mademoiselle Tranet, dit-elle, vous reprendrez votre ancienne chambre, car votre père, après l’incendie, est allé je ne sais où.

— Je vous obéirai, madame, répondit Louise sans un geste de révolte.

En se glissant dans le lit tout froid, elle éclata en larmes. La faute était commise… et quelle faute ?… un vrai crime : l’abdication de toutes les pudeurs !…

— C’est cela, un amant, se répétait-elle, se fourrant sous son oreiller, c’est donc cela !