Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/209

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Et il s’endormit pour rêver qu’il recommençait.

Une semaine s’écoula. Marcelle Désambres fit une visite aux Bartau. Elle cajola tant Louise que celle-ci accepta une promenade en voiture par une belle après-midi de février.

Les deux femmes s’observaient comme deux lutteurs, l’une avait des remords, l’autre avait le désir de se venger de ses propres faiblesses.

— Marcelle, déclara Louise, je vous remercie de ce que vous faites pour mon père. Je suis sûre qu’il tâchera de vous le rendre. D’ailleurs, j’ai, moi, une petite réserve, si vous la désirez.

Marcelle fronça les sourcils.

— Quelle rage d’honnêtetés inutiles vous avez dans votre famille ! s’exclama-t-elle, mécontente.

Louise essuya une larme.

— Votre frère se porte bien ? interrogea-t-elle, toute tremblante.

— C’est-à-dire qu’il se meurt, Louise. Vous ne l’aimez donc plus ?

— Si, toujours.

— Il sera ce soir chez moi. Nous dînerons ensemble et je vous laisserai vers dix heures. Il vous faudra prendre beaucoup de précautions, car votre mari a un air très sombre, ma mignonne.

Mme Désambres voulut l’embrasser follement selon son habitude, Louise se recala et la promenade se termina dans un morne silence.

À dix heures du soir, Marcelle laissa la jeune femme. Elle allait au théâtre, car il y avait à Tours une troupe vraiment excellente,