Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des acteurs choisis et de jolies actrices, bref, un régal d’amateur.

Marcel Carini n’arriva que fort tard. Il avait rencontré le père Tranet le long des taillis du jardin et il avait dû causer malgré ses impatiences d’amoureux. Il fit asseoir Louise sur ses genoux.

— Vous ne m’aimez plus ? demanda-t-il, anxieux, du même ton que sa sœur, quelques heures auparavant.

Louise éclata en pleurs. Mêlant ses caresses à ses larmes, elle lui défila tout son petit chapelet de reproches.

— Je ne suis pas une femme éhontée, moi, Monsieur, j’ai des remords de tromper mon époux, un homme que j’adorais au début de notre mariage. Vous êtes entré de force dans ma vie. Est-ce que je vous cherchais ? Vous serez ma damnation, Marcel ! Quant à votre sœur, je l’ai en horreur, c’est une misérable, capable de tout pour se distraire. Elle nous a jetés dans les bras l’un de l’autre pour se moquer de nous, ensuite, et, qui sait ?… l’aller dire à mon mari ?…

Louise se leva, exaspérée.

— Elle est capable de pousser Louis à me tromper aussi pour qu’il ne pense pas à nous espionner.

Mme Désambres eût été édifiée si elle avait écouté ses amoureux derrière une draperie. Ils se mirent à déblatérer sur son compte à qui mieux mieux. Marcel Carini, voyant qu’il ne gagnait rien à la défendre, la noircissait de bon cœur.

— Sais-tu, fit-il vivement, que ton mari doit te tromper depuis longtemps. Pour être sé-