Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/230

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Louis frissonna des pieds à la tête. Sa femme le trompait !…

Une nuit ravissante entourait la villa, les pelouses et les taillis exhalaient une pénétrante odeur de violette, la fleur favorite de Marcelle qui en avait fait semer partout. Louise le trompait !… Le jeune homme lança au ciel un regard désespéré, il aperçut la voie lactée toute blonde et toute pâle comme un tulle vaporeux, le tulle des coiffures de mariées, sous lequel scintillent des cheveux d’or, des yeux naïfs, des dents de perles. Louise le trompait ! Et il contempla ces étoiles, petites flammes mensongères vous faisant croire à un monde meilleur, lesquelles s’en vont s’éteindre, dès la nuit terminée, dans les rosées de l’aurore. Ainsi, la nuit nuptiale, qui promet des voluptés infinies, des feux ne devant jamais cesser de brûler, ainsi, la nuit nuptiale, félicité que l’on rêve éternelle, se terminait devant le grand jour cru de l’adultère. Louise le trompait ! Horreur ! Les roses pouvaient-elles donc parfumer, quand même, un jardin où les pas de son rival s’étaient gravés dans le sable ?

La Loire n’était pas plus perfide, ses remous n’étaient pas plus dangereux que ce cœur de femme ingénue. L’autre, enfin, était revenu, ce sinistre meurtrier du bonheur, l’autre dont il avait failli chercher le nom alors qu’il n’existait qu’à l’état de menace chimérique. Seigneur Dieu, sa Louise le trompait ! Il demeurait les bras ballants vis-à-vis de la terrasse italienne. Là-haut, il saurait tout. Sa maîtresse elle-même l’engageait à monter. Était-il nécessaire de tout savoir ? Pourquoi faire ? La tuer ? Se tuer ? Non, il aimait une nouvelle femme, un