Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/229

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Oh ! la misérable ! elle lui volait son mari !

— Louise se trouve mal, dit Louis anxieux.

Mme Désambres se précipita sur la jeune femme qu’on emporta dans sa chambre.

— Je veux la garder chez moi, cette nuit, annonça-t-elle d’un ton ferme.

Les deux vieux, titubant, durent, après le café* monter dans un fiacre qu’on avait été chercher. Louis les accompagna jusqu’à leur domicile.

— Bonne nuit, mes chers parents ! dit-il en cadenassant le vitrage du magasin.

Il savait que Marcelle l’attendait en soignant Louise, et il n’était guère supposable que sa maîtresse voulût conserver plus longtemps sa femme chez elle.

À la grille de la villa, il trouva le valet de chambre qui lui remit une lettre. Louis sentit une angoisse l’envahir. Il avait eu toute la soirée le pressentiment d’un malheur. Le malheur, c’était Marcelle qui, lasse de l’amour trop provincial qu’il lui donnait, lui écrivait qu’elle ne le recevrait pas de toute une semaine. Il y avait un post-scriptum.

« Si tu désires me revoir, il faudra divorcer, car je ne puis pas aimer un homme ridicule. On te trompe devant toi et tu ne le vois pas, grand sot, tu ne le devines pas ! Moi, je possède leur secret, il m’étouffe… Si tu ne comprends pas encore, escalade la terrasse, approche-toi de la glace du boudoir, mais au nom de mon amour, de ton amour, ne te venge pas, n’entre pas… car tu me perdrais irrévocablement ! »

« Ta Marcelle. »