Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lique. Louis s’arrêta palpitant, il souhaitait presque maintenant que ce bruit eût dérangé le couple amoureux. Quel effet cela lui produirait-il ? Allait-il leur crier des injures ou se retirerait-il discrètement pour chercher du repos dans le souvenir de sa maîtresse ? Ses pieds rencontrèrent un tapis, le tapis amortissait le bruit de ses pas… Il respira avec un violent geste de résolution. Il voulait tout voir, il verrait tout, car cette experte Marcelle avait peut-être intérêt à lui prouver des choses qui n’existaient point. Il vint lentement près de la croisée de ce boudoir, les yeux clos, puis il leva les paupières, crispant ses mains nerveuses.

Il aperçut une femme nue, encadrée par les draperies sombres du divan oriental où il avait aimé lui-même, nue sur les coussins de peluche et de fourrure. Sa chair d’une blancheur éblouissante, s’étalait sans un lambeau de linge pour se cacher si un curieux la voulait surprendre à l’improviste. Elle était blonde comme l’on représente les Vénus blondes, avec des duvets où se jouait la lueur des lampes en reflets d’or mouillés. Sa poitrine avait le galbe pur d’un large lis épanoui, ses seins se dressaient dans une orgueilleuse rigidité. Sa taille se ployait comme se ploient les rameaux des saules que la brise remue avec des courbes précieuses, avec une nonchalance étudiée, et ses jambes s’allongeaient, tellement menues à la cheville, qu’on aurait dit deux beaux fuseaux d’albâtre.

— La superbe créature ! murmura Louis émerveillé, et aussitôt il ajouta, blêmissant de rage :

— C’est ma femme, c’est Louise ! — car il