Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/30

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comme une fille. Louise avait les genoux brisés. On aurait dit qu’elle venait de faire une course effrayante. Un éclair sillonna les nuées.

— Le drame va nous dérouler enfin ses plus intimes péripéties, continua Désambres, s’accoudant, nous sommes aux premières loges, Madame, pour savoir si, vraiment, il est un Dieu dans le tonnerre. Voici le manteau sombre qui enveloppe l’horizon et la Loire devient terne, les collines semblent se rapprocher de nous, les masures d’Amboise se pressent, anxieuses, les unes contre les autres, sous l’ombre gigantesque du château. Le gerfaut protégera ses petits. Je devine, sur le pont que le vent fait trembler, un paysan chargé d’un sac de blé, lequel paysan s’arme d’un signe de croix. Oh ! cette vapeur brûlante vous grise comme un vin pur ! La pierre elle-même a des frissons, ils vous gagnent et vous transportent ! Je voudrais avoir, dans les bras, à ces moments suprêmes, toutes les femmes et tous les hommes de la création pour les lancer à ce fleuve, leur stupidité attachée à leur cou. Où est donc l’amour indestructible qui se formerait entre la nature terrorisée et un éclair du ciel vainqueur ?… Madame, l’amour est mort depuis la mort des Titans… nous ne pourrons plus escalader les nuages…

Très doucement, la main dans la main, Louise et Louis s’étaient retirés. L’accès le tenait ferme, le pauvre monsieur, il avait un fameux grain !

— Lorsque le temps se brouille, murmurait le mari, j’ai souvent ouï dire qu’il ne faudrait pas les contrarier…

— Quel dommage ! soupirait Louise, il a