Page:Rachilde - Madame Adonis, 1929.djvu/31

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une voix si musicale ! S’il allait refaire son exercice ?… brrou… j’en ai chaud.

Et, dans un besoin de ne plus penser à l’horreur d’une pareille chute, elle se suspendit aux épaules de Louis.

Celui-ci respirait comme au sortir d’un cauchemar sinistre. Il étreignit la jeune femme avec passion.

— Ma chérie ! ma chérie ! répéta-t-il très étonné de la retrouver intacte, toujours blonde, toujours sienne…

Ils étaient dans une complète obscurité, redescendant le chemin de la tour pour aller à la poterne qui ouvrait sur la ville et où les attendait la dame héraldique. Ils se tenaient encore par la main, échangeant de rares paroles émues.

— Hein ! quelle vue, là-haut ! et l’orage !

— Bah ! nous resterons encore une nuit si tu crains de voyager par le mauvais temps. Tu sais bien que je fais ce que tu veux !

— Et maman Bartau ?

— Elle grondera, tant pis !

— Et les affaires de la scierie ?

— Elles chômeront !

— Mais, j’ai une ombrelle, ça servira de parapluie peut-être !

Soudain une chauve-souris s’envola et vint heurter le front de Louise qui portait son chapeau, les brides nouées, à son bras.

— Ah ! le vilain animal ! il prédit le malheur !

Louis éclata de rire.

— Sotte !… je vais la tuer !

Il mit le talon dessus, car elle était tombée, palpitante. On entendit un cri d’oiseau, un