Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
nono

sieur que tu as dû connaître à Paris… Victorien Barthelme… te souviens-tu ?

Bruno se secoua. Elle embaumait, vraiment, cette chambre ouverte.

— Ma foi, je ne me souviens guère… oui, cependant… un homme brun et blond à la fois… il était très aimable… il m’a demandé un jour si j’étais content de ma position… attendez, mademoiselle Renée, il y a quatre ou cinq mois, je crois… vous étiez partie avec Louise… le général était aux Champs-Élysées… il essayait une jument.

— Parfaitement, Bruno, ta mémoire est excellente, ce monsieur…

— Eh bien ! reprit-elle fort vite, ce monsieur a perdu son ami et il le cherche parce que celui-ci lui doit de l’argent.

— Il est venu le réclamer ici ? dit Bruno trouvant l’aventure drôle et voyant à travers son imagination éveillée un monsieur courant après un autre monsieur, le premier tenant une bourse et le second ne tenant rien.

— Oui, Bruno, il faudrait dire, si on causait à ce sujet devant toi, que tu n’as jamais vu ce Victorien Barthelme.

— Je le dirai, mais ce ne sera pas vrai.

— Tu mentiras.

— Ah ! je comprends, balbutia-t-il, vous vous intéressez à lui… beaucoup… Je l’ai trouvé poseur, moi !

Et il fit un froncement de nez significatif.