Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
nono

après, on prendrait de nobles poses sur un rocher moussu, où on flairerait quelque haie de clématites odorantes : la clématite parfume délicieusement les naseaux que l’avoine vient de piquer.

Renée ne desserrait pas les dents. Mélibar jugea honorable de filer un train d’enfer ; il la connaissait bien, elle le mettrait au pas dès qu’il aurait envie de galoper. Au milieu d’un carrefour, ils trouvèrent un vieil homme tranquille gaulant des feuilles pour sa vache.

Renée s’arrêta net.

— Sauriez-vous, mon ami, où est situé l’étang des Combasses ?

— C’est loin, Mademoiselle, il faudrait au moins une demi-journée à pied pour le joindre.

— Et à cheval ?

— Avec un cheval comme le vôtre, ma foi ! pas trois heures.

— C’est-à-dire que je peux être revenue pour le déjeuner à Tourtoiranne, dit-elle en a parte, mais assez haut.

Le paysan l’entendit et hocha la tête.

— Le chemin ? reprit-elle.

— Toujours tout droit, en tournant par demi-heures.

Cette explication singulière ne fit pas sourire Renée qui poussa droit du même train.

— Ça se romprait les os, tout de même, marmotta le vieux ; ces parisiens ne savent pas se tenir. Elle qu’est née au pays devrait savoir ce chemin…