Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
242
nono

Mais la faute fut suivie d’un silence de mort.

Alors, il écrivit… même silence ! Il demanda une entrevue, il fit prendre des informations, toujours… rien… rien !…

Elle n’avait donc pas été commise volontairement cette faute, puisqu’on lui épargnait la plainte traditionnelle ? On ne l’aimait donc pas, puisqu’on avait une vraie honte ?…

Étrange ! Étrange !

Il avait aussi une douce manie, innocente comme ses manches de couteau. Quand il connaissait assez une femme pour s’en avouer épris, il l’emmenait, autant que possible, dans un lieu solitaire, et, lui serrant respectueusement les mains, il lui murmurait en la regardant à travers ses paupières mi closes : « Si vous vous épreniez de moi, soit caprice, soit réalité… il faudrait me le dire… je fuirais. » Cela réussissait en ce sens que la femme surprise pensait à l’aimer.

Dès lors, il se reprocha de ne pas avoir prévenu la malheureuse fille du général.

Le cinquième jour, le duc s’aperçut que le dessous de son téton gauche remuait avec un bruit de montre neuve. « J’ai quarante ans ! » se dit-il un peu ému.

Une influence fatale s’était sans doute étendue jusqu’à cette place nerveuse et du sang, du vrai sang, tout un flux gonflait la moitié de sa poitrine.

Il s’occupa de plus en plus de l’élection. Le jour, il fit des heureux de tous les pauvres rencontrés ; la