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Elle les mit dans son mouchoir, repoussant le coffret, trop luxueux à son avis.

— Césarine, va être bien contente, elle qui aime tant les colliers, dit-elle, cela la distraira de ses idées tristes.

— Vous ne prendrez pas la lettre, continua doucement Renée. Voici des fleurs cueillies dans les bois de Tourtoiranne et non pas aux Combasses. Répétez à Nono ce que je viens de vous dire… j’ajoute encore quelque chose », — et elle baisa une à une les fleurs qu’elle tirait d’un vase de Chine.

C’étaient des branches de clématites sauvages, joyeuses comme des houppes de cygne, et des boutons de troènes à la senteur amère. Bouquet sauvage que, seules, les brises des taillis mystérieux avaient secoué.

— Que raconte-t-on à Montpellier au sujet de son arrestation ? demanda la duchesse tout en nouant les branches avec un bracelet de cheveux blonds qu’elle avait détaché de son poignet.

— On en parle peu, madame, on prétend que ce Victorien voulait voler le général. À la campagne, j’ai entendu un paysan… de vos terres déclarer que mon Nono était capable de tuer des petites filles parce qu’il lui en fallait. Comprenez-vous ? Un garçon si sage ! il lui en fallait !

— Infamie ! balbutia Renée.

— C’est pour cela, Madame, que les monstres l’ont défiguré lorsqu’il fuyait les gendarmes, voulant vous revoir quand même, le pauvre !