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— Mon Dieu !…, fit la jeune femme laissant couler de grosses larmes sur le bouquet. Moi !… toujours moi !… me pardonnez-vous, Madame ?

— Je vous pardonne, car si vous saviez quelque chose sur le crime, vous la révéleriez pour le faire libre, n’est-ce pas ? »

Renée s’affaissa dans un fauteuil.

— Mon Dieu !… Mon Dieu !… » répétait-elle.

Madame Maldas se retira discrètement, avec l’assurance qu’elle ne savait rien, cette belle duchesse qui aimait tant son fils. Les valets des Combasses l’accompagnèrent jusqu’à la route, puis elle reprit sa marche, très vite, soulevant la poussière, ne voulant pas être en retard pour l’heure de sa visite quotidienne.

Renée était étendue presque inanimée sur le fauteuil, quand une voix saccadée la fit frémir de tous ses membres.

— Ma chère amie, disait le duc, je suis bien contrarié que l’exactitude de nos pendules… soit exacte ! Cependant, je vous annonce qu’il est midi. Le déjeuner est prêt. Il ne saurait pas plus se passer de vous que moi de lui. Vous offrirai-je mon bras ? »

Renée se leva, cachant son mouchoir trempé, ses sourcils se froncèrent.

— Et de quel droit, Monsieur, venez-vous me chercher ici ! interrogea-t-elle durement.

— Madame, c’est que ce boudoir est bien clos, bien abrité, qu’on y est en sûreté pour la causerie comme pour les aveux et que je tiens à ne pas répandre mes paroles au dehors. Oui, poursuivit le duc, j’avais bâti