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château. Elle fit résonner le timbre, et Louise arriva quelques minutes après.

— Servez-moi une collation ici, dit-elle, et des gâteaux… beaucoup de gâteaux. »

Louise s’empressa d’exécuter cet ordre, tout en se disant que, vraiment, Mademoiselle était bien bonne de traiter ce petit monde.

— Un caprice comme un autre », objecta Mérence.

Césarine sauta sur le canapé de velours pour admirer la coiffure de Mlle Fayor, qui avait ce jour-là remis son peigne d’ambre.

L’enfant n’avait jamais vu d’aussi belles choses. Elle suivait, de son doigt potelé, les broderies arabes du costume de Renée, et faisait des réflexions qui donnaient des sueurs à Bruno. Bruno savait combien la créature était fantasque. Mme Maldas répondait ingénument aux questions de Renée ne la trouvant « déjà pas si fière. » Peu à peu la jeune fille se détendait. Le temple funèbre s’animait, on y entendait des rires d’enfants et des tapages de verres. Heureusement que le général était parti à cheval pour visiter ses fermes car sans cela, il aurait été capable de venir crier à sa fille :

— Tu t’encanailles, Renée ! »

Mais, devant Mérence qui apportait la collation, elle reprenait son air hautain, fronçait les sourcils, se taisait.

Lorsque tout fut déposé sur la table orientale, Renée renvoya le valet de chambre, fit fermer la porte et se rapprochant de Bruno, elle lui glissa à l’oreille :