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— Ne parlez pas du collier ! »

Cette fois-ci le fantôme s’évanouissait complètement.

Bruno répondit « Non » avec la tête.

— Tu es tout de même bien jolie, Madame ! » déclara Césarine, ennuyée d’un silence de cinq minutes et se mettant à la tutoyer.

Renée se pencha et la prit sur ses genoux.

— Voyez-moi, cette flatteuse !

— Elle dit pourtant vrai, fit Mme Maldas, je n’ai rien vu de pareil à vous !

— Dans les environs de Montpellier, c’est possible ! » dit Renée d’un ton railleur. Puis, brusquement, elle regarda Bruno.

— Votre avis ?

— Oh ! mon fils s’empressa de dire Mme Maldas, il ne s’y connaît pas, c’est un aveugle-né ! »

Bruno bravement redressa ses cheveux.

— Maman, Lilie était une beauté, j’en réponds. »

Un sourire bizarre erra sur les lèvres de Mlle Fayor. Elle prit une carafe taillée dans laquelle pétillait un vin couleur d’ambre, comme le peigne de sa coiffure, et elle en versa dans le verre de Nono.

— Buvez cela, et ensuite vous ferez la comparaison. »

Nono effrayé repoussa son verre.

— Je n’ai jamais comparé Lilie à personne. »

La mère s’épuisait en vains regards furieux, mais ce maudit garçon était lancé.

— Madame est plus belle ! » s’écria Césarine se bourrant de tartelettes aux fraises.