Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/104

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les ondulations d’une caressante cascade. Celle-là ne dira rien, mais d’un seul geste évoquera toute la beauté plastique de l’antiquité. Il vaudra peut-être mieux ne pas lui demander son avis sur les problèmes de la vie moderne, parce qu’elle n’a qu’un mot pour les résoudre tous : ça l’… Parfaitement !

Hubertine Cassan, qui joue les ingénues, est un bouquet de roses ; costume étoffé, jupe bouffante, sous la pointe d’un corsage Louis XV. De là, elle nous sort un buste de garçonnet, une tête tondue et brune d’un effet singulier parce qu’elle est laide, mais peu à peu cela s’arrange, sa jeunesse réelle corrige les jeux simiesques de sa physionomie. Elle devient séduisante à force de grimaces.

Raoule Pierly, en femme comme il faut, c’est-à-dire en noir, arbore une tunique de satin agrafée sur le ventre par un simple triangle de diamants. Elle se tient très bien, parle peu, mais en excellent français, est coiffée de sa chevelure immense, qu’elle se refuse noblement à couper, comme une impératrice pourrait être accablée du fardeau de son empire. Très blonde, ses yeux d’émeraude ont la profondeur de deux gouffres. Il est, diton, assez imprudent d’y plonger.

Moi, je n’en sais rien… n’étant pas assez riche pour le savoir.