Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/105

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On est à peine aux cailles sur canapé que le canapé envahit déjà toutes les discussions. La salle à manger, où les oiseaux des volières du salon sont remplacées par des viviers de cristal remplis de toutes les espèces de poissons connus, est une reproduction (je n’y suis pas allé voir) d’un sous-sol du palais de Tibère. La table de marbre rose pousse comme un champignon de corail au milieu d’une espèce de piscine asséchée. Tout autour, des divans et l’on est confortablement assis sans avoir trop l’air de Romains en habits français. Un orchestre lointain, peu gênant pour la conversation, répand dans l’atmosphère tantôt la gaieté d’un foxtrott, tantôt la langueur d’une sérénade. Les verres sont cabochonnés à en devenir pustuleux ou élancés et lisses comme de virginales corolles. Je ne sais ni ce que je mange ni ce que je bois, mais on me l’explique de temps