Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/170

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de leur bain ! Une aventure de guerre ne me déplairait pas. Je suis irrité par cette splendeur gaspillée. J’ai la mauvaise habitude, ainsi que tous les hommes, de me croire le centre de l’univers, au moins quand je suis seul, et ce n’est pas une aventure de banale tendresse qui étancherait ma soif après avoir bu à la coupe de la nature. Il me faudrait une bataille et du sang pour me distraire des distractions ordinaires. Elle avait bien raison, l’autre, de me dire jadis : « Pourquoi ne peut-on pas mourir… pour éterniser enfin ce qui ne dure pas ? » Et… comme j’ai eu tort de ne pas l’avoir tuée ! Ah ! Refaire l’Amour, son amour, tous les amours en l’unique Amour ! Être deux, assez forts, assez grands, pour recréer le monde, puisque le monde est en nous et que le décor, les cités les plus sombres ou les plus clairs paysages, n’existent que lorsque nous les animons de notre passion personnelle !

— Voyons, Sirloup, tais-toi ! Arrière ! Hein ? Qu’est-ce que c’est que ça ?…

Sirloup vient de bondir irrésistiblement sur un être qui sort de ce trou de verdure, une espèce de long reptile blanc… c’est… mais, oui, c’est une femme !

Chose inouïe ! Devant cette femme, qui est entièrement nue, j’ai posé ma main derrière moi pour y chercher mon revolver, me