Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/212

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Les jambes sortent de l’écharpe, gantées d’un Chantilly, soigneusement damasquiné de broderies, quoique troué par place. Le tableau m’évoque celui de mon glorieux ami, Féderico Beltran-Massès, un des premiers peintres de l’Espagne, représentant une mystérieuse manola entièrement nue sous les arabesques de sa mantille.

— Expliquons-nous, s’il vous plaît, Line. Je n’entends rien à vos énigmes bien morales. À quel nouveau genre de supplice faites-vous allusion ? Au lieu de détruire ou de recommencer votre image, ne serait-ce pas plus simple, qui peut plus peut moins, comme vous dites, de me détruire moi-même ? Pas ici, non, ailleurs, où Mme Valérie ne serait point inquiétée pour un assassinat qui nuirait, probablement, à sa vertueuse réputation.

— Alain, vous ne me répondez pas sérieusement. Vous avez tort.

Je m’assieds au bord du lit. J’ai une affreuse sensation de déchéance et de tristesse. Qu’ai-je fait de mon bel amour ? Après tant de bonheur, je suis très malheureux. J’incruste les ongles dans le satin du couvre-pied et je me produis l’effet de mon chien qui gratte le gazon, comme pour s’enterrer lui-même.

— Vous désirez que je recommence un