Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/40

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velopper des fraises glacées qu’elle a couvées des yeux.

— Que je suis contente ! Oui, j’avais encore envie de ça. Je n’en ai jamais mangé. Merci, monsieur, mais vous êtes certainement moins… raisonnable que mon mari, ça se voit de reste !

La malicieuse sourit et ce sourire est irrésistible.

Une fois dehors, elle se serre contre mon bras parce que le froid la suffoque.

J’arrête un taxi, la prie de monter sans lui permettre une protestation et je donne au chauffeur une adresse des plus vagues, du côté du boulevard d’Orléans. À ce moment, dans cette obscurité de la petite chambre close, roulant vers l’inconnu, où nous sommes assis l’un près de l’autre, je la regarde attentivement. Elle est tout extasiée sur ses fraises. Elle m’en offre une :

— Vous en voulez ?

Que va-t-il se passer si je cède au désir de mordre à cette bouche, fruit si tentant dont la couleur éclate positivement dans l’ombre ? Chair fraîche qui paraît pure de tout ferment malsain !

Non, je ne ferai pas cela. Je me refuse à la tentation. Cela détruirait peut-être le charme. C’est trop tôt.

Elle demeure gênée sous mon regard. Par