Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/41

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contenance elle glisse sa main sous le col de mon pardessus.

— C’est de la loutre, de la vraie, dit-elle. Ça vaut six cents francs comme un sou ! Mais ça se mitera si vous n’en prenez pas soin. Est-ce que vous êtes un monsieur tout seul ?

— Quelle drôle de petite madame vous êtes, vous ! Non, je ne suis pas marié. Il est inutile de mentir. Cependant voulez-vous que nous fondions une société secrète à nous deux ? Vous aurez bien, de temps en temps, une heure à me donner pour goûter, aller au théâtre ou au cinéma, nous promener n’importe où ? Vous me ferez signe quand ça vous plaira et le vieux garçon et la petite fille s’offriront une récréation, s’amuseront à des jeux innocents, absolument permis.

Ce disant, j’ai pris sa main que je serre un peu fort, malgré moi.

— Oh ! comme vous avez chaud ! (Elle tremble nerveusement.) Voilà que ça me fait peur. J’ai confiance en vous, pourtant, parce que vous êtes très convenable, mais pourquoi avez-vous si chaud que ça ? Le théâtre, le cinéma et puis faire la dinette… Je ne suis pas une petite fille, monsieur ! (Tout à coup elle pousse un cri.) Ah ! je sais, je sais où je vous ai vu ! Oui, je vous ai vu en photographie sur un journal. Vous aviez ces yeux-là ! Le même chapeau, plié de côté, et tellement