Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/70

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nais mon manteau. Et puis le noir, ça tue le bleu-marine.

Elle préfère, sûrement, se faire tuer par une grippe. Je saisis ses mains gantées, que je baise le plus respectueusement du monde.

— Coquette ! Que diable voulez-vous que ça fasse à votre vieil ami, votre ami de huit jours, que vous soyez en bleu ou en noir ?

Elle murmure, offensée :

— Oh ! je comprends bien : c’est pour ma bouche, mais le reste n’est pas mal non plus. Je veux mon portrait tout entier, moi.

Je crois qu’elle pose des conditions. Ou c’est très naïf, ou c’est trop précis.

Le chauffeur revient, il n’a aucune cigarette et sent le rhum. Je ferme la portière en lui indiquant la rue de Rennes, au hasard.

— Où allons-nous, Madame ? (J’ajoute, plus bas) : Où allons-nous, Bouchette ?

Elle éclate de rire et se laisse entourer de mon bras, embrasser, tout en intercalant adroitement sa joue entre ses lèvres et les miennes.

— Ne me faites plus peur, monsieur Montarès, ou je descends. C’est votre voiture, ça, ce n’est pas un taxi, alors, c’est presque chez vous, recevez-moi poliment. Je voudrais tant qu’on ne se dispute pas ! Aurez-vous le cœur de me forcer à descendre