Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/74

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forme. Elle est attirée par la curiosité d’entrer dans une espèce de féerie dont elle sera la petite commère accompagnant le compère pour y prendre connaissance de son rôle. Elle pénètre en plein monde inconnu, mais si elle aperçoit le piège, l’obscurité d’une proposition ou l’outrage d’un geste, elle se jettera, comme la première fois, à bas de la voiture. Un baiser par-ci par-là ? Mon Dieu, c’est la menue monnaie de la faute, un péché véniel pour la midinette qu’elle représente. Le reste ? C’est le devoir, le mari ou l’amant qu’elle aime, à qui elle veut demeurer fidèle, malgré son avarice, son compagnon de route ordinaire, celui qui marque le pas, qu’on doit suivre. Moi je lui apprends à danser sur une corde raide. Là-dessus, on est bien forcé de faire très attention… et puis c’est si amusant d’avoir le vertige sans tomber !

— Bouchette, je ferai tout ce que vous voudrez. Ayez donc confiance en moi et revenez me voir souvent. Vous accomplirez une bonne œuvre, peut-être le miracle. Non, je ne veux pas vous perdre. Je suis même très fier de vous avoir trouvée. N’ayez pas d’autre nom que celui que je vous donne et parlez-moi le moins possible de votre époux, le Monsieur avare…

— Mettez que je n’ai rien raconté de pareil. Vous en avez, vous, une mémoire !