d’Isis prouvent que les peuples, beaucoup plus proches de l’amour que ceux d’aujourd’hui, avaient déjà découvert cette brutale vérité.) Au fond, le rêve de tous les hommes ce serait de créer, artificiellement ou non, la poupée splendide dont on serait l’unique mécanicien, lui ayant appris à parler, à marcher… combien de temps ça pourrait-il durer ? Eh ! qu’importe le temps, en amour ! Une seconde ou des années, quand on souffre c’est toujours trop long, et quand on est heureux, c’est l’éternité, tout de même !
Un méchanceté me traverse l’esprit : — Dites donc, Bouchette, vous avez connu votre mari pendant la guerre… c’était donc un embusqué, votre commis en je ne sais quelle représentation, légumes ou jersey de soie ?
Elle fait un geste de révolte :
— Oh ! non, non, monsieur Montarès. C’est un étranger. (Elle baisse un peu la tête, confuse :) J’aurais voulu ne pas vous raconter ça. C’est ça qui me gêne quand je parle de… mon mari. Il est Espagnol. Ce n’est pas sa faute ni la mienne. Seulement, mon frère et ma mère n’ont jamais pu le souffrir à cause de ça. Moi, gosse, je ne faisais pas de différence entre un Espagnol et un Français. Tout le monde se battait. Le plus fort, à mes yeux, c’était celui qui échap-