Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je gagne, à ce jeu dangereux, le fameux mal dont vous m’exprimiez le plus profond dégoût, il y a encore un instant, tant pis pour moi. Vous ne serez pas forcée de vous en apercevoir, car je suis incapable de me plaindre ou de vous brutaliser. Alors, on peut se rencontrer sans aucune mauvaise intention. Est-ce que je vous fais encore peur ?

— Oh ! non, non, réplique-t-elle vivement. Plus du tout. Moi j’ai rêvé souvent d’un ami qui serait tendre… tenez, tendre comme une amie. Avec votre figure à l’américaine et vos yeux qui attirent, on vous croirait, en effet, très gentil, très convenable. Ça me chagrinerait bien de songer que vous me préparez un piège en me parlant de ce portrait. Est-ce qu’on ne peut pas peindre ou dessiner dehors ?

— Nous y voilà, Bouchette. En principe, non, parce qu’on a des gens autour de soi et que, généralement, ces gens vous conseillent le jaune quand on voit rose, ou le contraire. En outre, les attroupements sont défendus sur la voie publique, la circulation étant déjà fort compliquée. Et si le froid persiste, il vous faudra consentir à vous habiller comme tout le monde, ne fût-ce qu’à mettre un manteau, par exemple.

— Bon ! Ça n’est pas difficile. Je vais doubler le mien. J’ai justement une petite soie