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92 BRITANNICUS.

BURRHUS.

Je ne m'étois chargé dans cette occasion Que d'excuser César d'une seule action ; Mais puisque, sans vouloir que je le justifie , Vous me rendez garant du reste de sa vie, Je répondrai, madame, avec la liberté D'un soldat qui sait mal farder la vérité. Vous m'avez de César confié la jeunesse, Je l'avoue, et je dois m'en souvenir sans cesse. Mais vous avois-je fait serment de le trahir, D'en faire un empereur qui ne sût qu'obéir? ?N T on. Ce n'est plus à vous qu'il faut que j'en réponde; Ce n'est plus votre fils, c'est le maître du monde. J'en dois compte, madame, à l'empire romain, Qui croit voir son salut ou sa perte en ma main. Ah! si dans l'ignorance il le falloit instruire, N'avoit-on que Sénèque et moi pour le séduire? Pourquoi de sa conduite éloigner les flatteurs? Falloit-il dans l'exil chercher des corrupteurs? La cour de Claudius,en esclaves fertile, Pour deux que l'on cherchoit en eût présenté mille, Qui tous auroient brigué l'honneur de l'avilir : Dans une longue enfance ils l'auroient fait vieillir. De quoi vous plaignez-vous, madame? On vous révère: Ainsi que par César, on jure par sa mère. L'empereur, il est vrai, ne vient plus chaque jour Mettre à vos pieds l'empire, et grossir votre cour : Mais le doit-il, madame? et sa reconnoissance Ne peut-elle éclater que dans sa dépendance? Toujours humble, toujours le timide Néron

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