LES PLAIDEURS.
��ACTE PREMIER.
��SCENE I.
PETIT- JEAN , traînant un gros sac de procès.
Ma foi , sur l'avenir bien fou qui se fiera : Tel qui rit vendredi , dimanche pleurera. Un juge, l'an passé, me prit à son service; Il m'avoit fait venir d'Amiens pour être suisse. Tous ces Normands vouloient se divertir de nous : On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups. Tout Picard que j'étois , j'étois un bon apôtre , Et je faisois claquer mon fouet tout comme un autre. Tous les plus gros monsieurs me parloient chapeau bas; Monsieur de Petit-Jean , ah ! gros comme le bras. Mais sans argent l'honneur n'est qu'une maladie. Ma foi, j'étois un franc portier de comédie : On avoit beau heurter et m'ôter son chapeau , On n'entroit point chez nous sans graisser le marteau Point d'argent, point de suisse; et ma porte étoit close. Il est vrai qu'à monsieur j'en rendois quelque chose. Nous comptions quelquefois. On me donnoit le soin De fournir la maison de chandelle et de foin ; Mais je n'y perdois rien. Enfin, vaille que vaille ,
TOME II. 2
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