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166 PREMIÈRE PRÉFACE

son particulier et dans sa famille : et ils me dis- penseront de leur rapporter tous les passages qui pourroient aisément leur prouver que je n'ai point de réparation à lui faire.

D'autres ont dit., au contraire, que je 1'avois fait trop bon. J'avoue que je ne m'étois pas formé l'idée d'un bon homme en la personne de Néron : je l'ai toujours regardé comme un monstre. Mais c'est ici un monstre naissant : il n'a pas encore mis le feu à Rome; il n'a pas encore tué sa mère, sa femme, ses gouverneurs : à cela près, il me semble qu'il lui échappe assez de cruautés pour empêcher que personne ne le méconnoisse.

Quelques uns ont pris l'intérêt de Narcisse, et se sont plaints que j'en eusse fait un très-mé- chant homme et le confident de Néron. Il suf- fit d'un passage pour leur répondre. Néron, dit Tacite , porta impatiemment la mort de Nar- cisse, parce que cet affranchi avoit une con- formité merveilleuse avec les vices du prince encore cachés : Cujus abditls adliuc vitiis mire congruebat.

Les autres se sont scandalisés que j'eusse choisi un homme aussi jeune que Britannicus pour le héros d'une tragédie. Je leur ai déclaré dans la préface d'Androînaque le sentiment d'A-

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