ACTE V.
Scène première.
Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j’aime, ou si je hais ?
Le cruel ! de quel œil il m’a congédiée !
Sans pitié, sans douleur, au moins étudiée.
L’ai-je vu se troubler et me plaindre un moment[1] ?
En ai-je pu tirer un seul gémissement[2] ?
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
Sembloit-il seulement qu’il eût part à mes larmes ?
Et je le plains encore ? Et pour comble d’ennui,
Mon cœur, mon lâche cœur s’intéresse pour lui ?
Je tremble au seul penser du coup qui le menace ?
Et prête à me venger, je lui fais déjà grâce ?
Non, ne révoquons point l’arrêt de mon courroux :
Qu’il périsse ! Aussi bien il ne vit plus pour nous.
Le perfide triomphe, et se rit de ma rage :