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Il croit que toujours foible et d’un cœur incertain,
Je parerai d’un bras les coups de l’autre main.
Il juge encor de moi par mes bontés passées.
Mais plutôt le perfide a bien d’autres pensées.
Triomphant dans le temple, il ne s’informe pas
Si l’on souhaite ailleurs sa vie ou son trépas.
Il me laisse, l’ingrat ! cet embarras funeste.
Non, non, encore un coup : laissons agir Oreste.
Qu’il meure, puisqu’enfin il a dû le prévoir,
Et puisqu’il m’a forcée enfin à le vouloir.
À le vouloir ? Hé quoi ? c’est donc moi qui l’ordonne ?
Sa mort sera l’effet de l’amour d’Hermione ?
Ce prince, dont mon cœur se faisoit autrefois
Avec tant de plaisir redire les exploits,
À qui même en secret je m’étois destinée
Avant qu’on eût conclu ce fatal hyménée,
Je n’ai donc traversé tant de mers, tant d’États,
Que pour venir si loin préparer son trépas ?
L’assassiner, le perdre ? Ah ! devant qu’il expire…
Scène II.
Que fait Pyrrhus ?
- ↑ Racine a dit aussi dans les Plaideurs, vers 145 :
Elle voit dissiper sa jeunesse en regrets.
Tour correct, quoi qu’en aient dit plusieurs critiques choqués de la suppression du pronom se, et tout à fait conforme aux habitudes de notre ancienne langue. La Harpe y a vu une inadvertance. C’est lui-même qui n’a pas été sur ses gardes, comme il est arrivé si souvent à ceux qui ont cherché des chicanes grammaticales à Racine.