Le perfide ! Il mourra. Mais que t’a dit Oreste ?
Oreste avec ses Grecs dans le temple est entré.
Hé bien ! à me venger n’est-il pas préparé ?
Je ne sais.
Oreste me trahit ?
Mais de mille remords son esprit combattu
Croit tantôt son amour et tantôt sa vertu.
Il respecte en Pyrrhus l’honneur du diadème ;
Il respecte en Pyrrhus Achille, et Pyrrhus même ;
Il craint la Grèce, il craint l’univers en courroux[1] ;
Mais il se craint, dit-il, soi-même plus que tous.
Il voudroit en vainqueur vous apporter sa tête :
Le seul nom d’assassin l’épouvante et l’arrête.
Enfin il est entré sans savoir dans son cœur
S’il en devoit sortir coupable ou spectateur.
Non, non, il les verra triompher sans obstacle :
Il se gardera bien de troubler ce spectacle.
Je sais de quels remords son courage est atteint :
Le lâche craint la mort, et c’est tout ce qu’il craint.
Quoi ? sans qu’elle employât une seule prière[2],