Lionne[1], de jeter les yeux sur Andromaque et sur Attila ; cependant il me paroît qu’Andromaque a bien de l’air des belles choses ; il ne s’en faut presque rien qu’il y ait du grand. Ceux qui n’entreront pas assez dans les choses, l’admireront ; ceux qui veulent des beautés pleines, y chercheront je ne sais quoi qui les empêchera d’être tout à fait contents… Mais, à tout prendre, c’est une belle pièce, et qui est fort au-dessus du médiocre, quoique un peu au-dessous du grand. » Le même jugement, au fond très-favorable, mais embarrassé des mêmes restrictions subtiles, se retrouve dans une autre lettre qu’il adressait encore à M. de Lionne[2] : « Ceux qui m’ont envoyé Andromaque m’ont demandé mon sentiment. Comme je vous l’ai dit, elle m’a semblé très-belle ; mais je crois qu’on peut aller plus loin dans les passions, et qu’il y a encore quelque chose de plus profond dans les sentiments que ce qui s’y trouve ; ce qui doit être tendre n’y est que doux, et ce qui doit exciter de la pitié ne donne que de la tendresse. Cependant, à tout prendre, Racine doit avoir plus de réputation qu’aucun autre après Corneille. » Après Corneille, c’est tout ce que voulait Saint-Évremond : c’est à cette conclusion qu’il prétendait arriver par des critiques cette fois si vagues. Il fallait que dans Corneille seul il y eût « du grand et des beautés pleines. » On ne pouvait d’ailleurs rencontrer plus mal que de refuser à Andromaque le mérite d’aller assez loin dans les passions et de donner aux sentiments toute leur profondeur.
Saint-Évremond ne disputait du moins que sur le degré de
- ↑ Dans la lettre citée plus haut.
- ↑ Lettre à M. de Lionne (tome II, p. 319 et 320)
« notre bien amé Iean Racine, Prieur de l’Épinay, » est du 28 décembre 1667. Voici le titre de cette édition originale :
Il y a six feuillets sans pagination, contenant le titre, l’Épître à Madame, la Préface, et la liste des acteurs ; et 95 pages, suivies du privilège.