pièce[1]. Mais évidemment les critiques ne le laissaient pas si indifférent. Plus que toutes les autres, celles de Boileau l’auraient certainement touché, s’il était vrai qu’un ami, si peu suspect de préventions hostiles, eût dans un des rôles d’Andromaque, dans celui de Pyrrhus, signalé quelques parties qu’il n’approuvait pas. Cela tout d’abord se concilie assez difficilement avec ces vers de l’épître VII, où Boileau parait mettre les censeurs de Pyrrhus au nombre des envieux :
Mais par les envieux un génie excité
Au comble de son art est mille fois monté…
Et peut-être ta plume aux censeurs de Pyrrhus
Doit les plus nobles traits dont tu peignis Burrhus[2].
S’il avait été lui-même un de ces censeurs, comment, dira-t-on,
ne pas s’étonner qu’il l’eût alors oublié ? Comment ne se pas
demander si Monchesnay a été bien informé, lorsqu’il dit dans
le Bolæana[3] : « M. Despréaux n’étoit pas du tout satisfait du
personnage que fait Pyrrhus, qu’il traitoit de héros à la Scudéry, au lieu qu’Oreste et Hermione sont de véritables caractères tragiques ? » Mais tout s’explique par les souvenirs plus
précis que nous trouvons dans l’Examen d’Andromaque par
Louis Racine. L’exactitude du passage du Bolæana y est confirmée, particulièrement en ce que l’on y dit du jugement sévère de Boileau sur la scène v de l’acte II, entre Pyrrhus et
Phœnix. Dans cette scène, il lui semblait que la tragédie, par
la peinture des extravagances amoureuses, s’abaissait jusqu’à
la naïveté comique, et que l’auteur d’Andromaque se montrait
beaucoup trop l’émule de Térence. Louis Racine tenait cette
remarque de la bouche même de Boileau. Mais il avait en
même temps appris de lui qu’il ne l’avait pas toujours faite,
que longtemps au contraire il avait admiré cette même scène,
ce dont il se repentait, parce que, s’il se fût avisé moins tard
de la faute commise par Racine, « il l’eût obligé à supprimer
ce morceau. » La critique de Boileau n’est donc pas un fait
douteux ; mais il faut le mettre à sa date, à une époque où les