n’en changez point du tout ; vous ne sauriez être moins connus qu’avec le vôtre ; surtout louez vos Messieurs, et ne les louez pas avec retenue. Vous les placez justement après David et Salomon ; ce n’est pas assez : mettez-les devant, vous ferez un peu souffrir leur humilité ; mais ne craignez rien : ils sont accoutumés à bénir tous[1] ceux qui les font souffrir.
Aussi vous vous en acquittez assez bien : vous les voulez obliger à quelque prix que ce soit. C’est peu de les préférer à tous ceux qui ont jamais paru dans le monde, vous les préférez même à ceux qui se sont le plus signalés dans leur parti : vous rabaissez M. Pascal pour relever l’auteur des Imaginaires ; vous dites que M. Pascal n’a que l’avantage d’avoir eu des sujets plus heureux que lui. Mais, Monsieur, vous qui êtes plaisant, et qui croyez vous connoître en plaisanterie, croyez-vous que le pouvoir prochain et la grâce suffisante fussent des sujets plus divertissants que tout ce que vous appelez les visions de des Marets ? Cependant vous ne nous persuaderez pas que les dernières Imaginaires soient aussi agréables que les premières Provinciales : tout le monde lisoit les unes, et vos meilleurs amis peuvent à peine lire les autres.
Pensez-vous vous-même que je fasse une grande injustice à ce dernier[2] de lui attribuer une Chamillarde ? Savez-vous qu’il y a d’assez bonnes choses dans ces Chamillardes ? Cet homme[3] ne manque point de hardiesse,
- ↑ Le mot tous manque dans le texte des Mémoires de Trévoux.
- ↑ Quoique un peu éloigné de l’auteur des Imaginaires, nommé quelques lignes plus haut, ce dernier ne peut se rapporter qu’à lui.
- ↑ C’est-à-dire l’auteur des Chamillardes ; il y a une ellipse. Ra-
de cette lettre, ce qui rend impossible l’allusion supposée, et que Racine a voulu parler d’une manière générale des pseudonymes si fort en usage parmi les écrivains de Port-Royal.