Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/440

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au plus à remarquer, dans les passages où la difficulté est ingénieusement éludée, une inexactitude historique, bien pardonnable, nulle inexactitude littéraire, nulle fade altération de la couleur du style. Quelques faux sens, mais peu nombreux et de peu d’importance, pourraient être relevés ; on noterait quelques membres de phrase supprimés, d’autres ajoutés pour éclaircir la pensée. Nous voulons aujourd’hui une littéralité plus scrupuleuse : qui se flatterait néanmoins de conserver aussi bien à la langue de Platon son élégance et son charme ? C’est là un genre d’exactitude qui en vaut bien un autre.

Le texte grec sur lequel Racine a travaillé est-il celui qu’a donné Henri Estienne en 1578, avec la traduction latine de Jean de Serres ? M. Grille nous semble l’insinuer dans le passage de sa Lettre à M. le marquis de la Porte sur des livres, des événements et des hommes de l’ancien et du nouveau régime, Paris, 1847, in-8° : « Je vous montrerai un bel exemplaire de Platon, mis en latin par Serranus et imprimé par Henri Estienne… Il y a trois volumes, reliés en huit fascicules in-folio. L’exemplaire porte les armes de Mme de Rochechouart abbesse de Fontevrault ; il fut pris en 1792 par un moine de cette maison, et vendu ensuite à un libraire de qui je l’ai dernièrement acheté. C’est ce livre qui servit à la savante abbesse à traduire le Banquet en compagnie de Racine. » La découverte bibliographique de M. Grille peut faire regarder, non comme certain, mais comme probable, que l’abbesse de Fontevrault a fait sa traduction sur son exemplaire d’Henri Estienne, et qu’elle s’est aidée de la version latine de Jean de Serres plutôt que de celle de Ficin, à laquelle M. Cousin avait pensé. Mais Racine n’a pas précisément travaillé en compagnie de Mme de Rochechouart ; et elle n’a sans doute pas eu besoin de lui prêter son exemplaire, lorsqu’elle l’a prié de revoir sa traduction. Les Œuvres de Platon ne manquaient pas à la bibliothèque de notre poëte, et il nous serait impossible de dire quel texte il a suivi. Nous avons cherché si quelques-unes des inexactitudes de la traduction de Racine pouvaient s’expliquer par des particularités du texte de 1578 ou du latin de Jean de Serres ; et notre recherche ne nous a fait rien trouver de décisif sur ce point.

Dans la Copie exacte de l’état des livres que M. Racine a