Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/112

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Mais en vain je m’oppose à l’ardeur qui l’enflamme,
Axiane et Porus tyrannisent son âme ;
Les charmes d’une reine et l’exemple d’un roi,
Dès que je veux parler, s’élèvent contre moi.
Que n’ai-je point à craindre en ce désordre extrême ?
Je crains pour lui, je crains pour Alexandre même,
Je sais qu’en l’attaquant cent rois se sont perdus,
Je sais tous ses exploits, mais je connais Porus.
Nos peuples qu’on a vus, triomphants à sa suite,
Repousser les efforts du Persan et du Scythe,
Et tout fiers des lauriers dont il les a chargés,
Vaincront à son exemple, ou périront vengés ;
Et je crains…

Éphestion
Ah ! quittez une crainte si vaine.
Laissez courir Porus où son malheur l’entraîne ;
Que l’Inde en sa faveur arme tous ses états,
Et que le seul Taxile en détourne ses pas !
Mais les voici.

Cléofile
Seigneur, achevez votre ouvrage :
Par vos sages conseils dissipez cet orage,
Ou s’il faut qu’il éclate, au moins souvenez-vous
De le faire tomber sur d’autres que sur nous.