Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/131

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SCENE VI.

ALEXANDRE, C LE O FI LE. AIE X AN DRE.

MAdame, à (on amour je promets mon appuy,’Ne puis-je rien pour moy quand je puis tout pour luy ?

Si prodigue envers luy des fruits dela Victoire,
N’en auray-je pour moy qu’une fterile gloire ?
Les Sceptres devant vous ou rendus ou donnez,
De mes propres lauriers mes Amis couronnez,
Les biens que j’ay conquis répandus fùr leurs teftes j
Font voir que je foûpire aprés d’autres Conqueftes.
Je vous avpis promis que l’effort de mon bras
M’approcheroit bien-tofl de vos divins appas,
Mais dans ce mefine temps, fouvenez-vous, Madame, 1
Que vous me promettiez quelque place en voftre
ame.
Je fuis venu. L’amour a combattu pour moy.
La VicTroire elle-melme a dégagé ma fby.
Tout cede autour de vous. C’eft à vous de vous rendre, 1
Voftre cœur l’a promis, voudra-t’il s’en défendre ?
Et luy feul pourroit-il échaper aujourd’huy
A l’ardeur d’un vainqueur qui ne cherche que luy ?

CLEOFILE.
Non, je ne prétens pas que ce Cœur inflexible
Garde feul contre vous le titre d’invincible.
Je rends ce que je dois à l’éclat des vertus
Qui tiennent fous vos pieds cent Peuples abbattus.