Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/151

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Et que je n’ay gardez que pour vous les offrir.
Encore une victoire, & je reviens, Madame,
Borner toute ma gloire a regner fur voftre ame,
Vous obeïr moy-mefme, & mettre entre vos mains
Le deftin d’Alexandre & celuy des humains.
Le Mallien m’attend preft à me rendre hommage.’
Si prés del’Ocean que faut-il davantage
Que d’aller me montrera ce fier Element,
Comme Vainqueur du Monde, & comme voftre

Amant ?
Alors…

CLEOFILE.

Mais quoy, Seigneur ? toujours guerre fùr guerre ? Cherchez-vous des fujets au delà de la Terre ? Voulez-vous pour témoins de vos faits éclatans Des Pays mconnus mefrne à leurs Habitais ? QuVrperez-vous combattre en des climats fi rudes i Ils vous oppoferont de vaftes folitudes, Des deferts que le Ciel refufe d’éclairer, Où la Nature femble elle-mefme expirer. Et peut-eftre le Sort, dont la fecrette envie N’a pu cacher le cours d’une fi belle vie, Vous attend dans ces lieux, & veut que dans l’oubly ;  ; Voftre tombeau du moins demeure enfevely. Pen fez —vous y traifuer les reftes d’une Armée, <. Vingt fois renouvellée, & vingt fois conlumée ?’Vos foldats dont la veue excite la pitié, D’eux-mefines en cent lieux ont laifle la moitie. Et leurs gemiflèmens vous font affez connoiftre,., ,

ALEXANDRE. Ils marcheront, Madame, & je n’ay qu’a paroiftre. Ces Cœurs qui dans un Camp d’un vain loifir deceu » Comptent en murmurant les coups qu’ils ont receus, Revivront pour me fuivre, & blalmant leurs mut ; mures,