Enfin je viens à vous, & je me voy reduit
A chercher dans vos yeux une mort, qui me ſuit.
Mon deſeſpoir n’attend que leur indifference,
Ils n’ont qu’à m’interdire un reſte d’eſperance.
Ils n’ont, pour avancer cette mort où je cours,
Qu’à me dire une fois ce qu’ils m’ont dit toûjours.
Voila depuis un an le ſeul ſoin qui m’anime.
Madame, c’eſt à vous de prendre une Victime,
Que les Scythes auroient dérobée à vos coups,
Si j’en avois trouvé d’auſſi cruels que Vous.
Quittez, Seigneur, quittez ce funeſte langage.
A des ſoins plus preſſans la Grece vous engage.
Que parlez-vous du Scythe, & de mes cruautez ?
Songez à tous ces Rois que vous repreſentez.
Faut-il que d’un tranſport leur Vangeance dépende ?
Eſt-ce le ſang d’Oreſte enfin qu’on vous demande ?
Dégagez-vous des ſoins dont vous eſtes chargé.
Les refus de Pyrrhus m’ont aſſez dégagé,
Madame, il me renvoye, & quelque autre Puiſſance
Lui fait du Fils d’Hector embraſſer la défenſe,
L’infidelle !
Sur mon propre deſtin je viens vous conſulter.
Déja meſme je crois entendre la reponſe
Qu'en ſecret contre moy voſtre haine prononce.
Hé quoy ? toûjours injuſte en vos triſtes diſcours,
De mon inimitié vous plaindrez-vous toûjours ?
Quelle eſt cette rigueur tant de fois alleguée ?
J’ay paſſé dans l’Epire oú j’eſtois releguée ?
Mon Pere l’ordonnoit. Mais qui ſçait ſi depuis,