Qui me hait d’autant plus que mon amour la flate ?
Sans Parens, ſans Amis, ſans eſpoir que ſur moy.
Je puis perdre ſon Fils, peut-eſtre je le doy.
Eſtrangere… Que dis-je ? Eſclave dans l’Epire,
Je luy donne ſon Fils, mon Ame, mon Empire.
Et je ne puis gagner dans ſon perfide Cœur
D’autre rang que celuy de ſon Perſecuteur ?
Non, non, je l’ay juré, ma vangeance eſt certaine.
Il faut bien une fois juſtifier ſa haine,
J’abandonne ſon Fils. Que de pleurs vont couler !
De quel nom ſa douleur me va-t-elle appeler ?
Quel ſpectacle pour elle aujourd’huy ſe diſpoſe !
Elle en mourra, Phœnix, & j’en ſeray la cauſe.
C’eſt luy mettre moy-meſme un poignard dans le ſein.
Et pourquoi donc en faire éclater le deſſein ?
Que ne conſultiez-vous tantoſt voſtre foibleſſe ?
Je t’entens. Mais excuſe un reſte de tendreſſe.
Crains-tu pour ma colere un ſi foible combat ?
D’un amour qui s’eſteint c’eſt le dernier éclat.
Allons. A tes conſeils, Phœnix, je m’abandonne
Faut-il livrer ſon Fils ? Faut-il voir Hermione ?
Oüy, voyez-la, Seigneur, & par des vœux ſoûmis
Proteſtez-luy…