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Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/206

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Contez depuis quel temps voſtre hymen ſe prépare ;
Il a parlé, Madame, & Pyrrhus ſe déclare.

Hermione

Tu crois que Pyrrhus craint ? Et que craint-il encor ?
Des Peuples, qui dix ans ont fuy devant Hector ?
Qui cent fois effrayez de l’abſence d’Achille,
Dans leurs vaiſſeaux brulans ont cherché leur azile,
Et qu’on verroit encor, ſans l’appui de ſon Fils,
Redemander Helene aux Troyens impunis ?
Non, Cleone, il n’eſt point Ennemi de lui-meſme,
Il veut tout ce qu’il fait, & s’il m’épouſe, il m’aime.
Mais qu’Oreſte a ſon gré m’impute ſes douleurs.
N’avons-nous d’entretien que celui de ſes pleurs ?
Pyrrhus revient à nous. Hé bien, chere Cleone,
Conçois-tu les tranſports de l’heureuſe Hermione ?
Sçais-tu quel eſt Pyrrhus ? T'es-tu fait raconter
Le nombre des Exploits... Mais qui les peut conter ?
Intrepide, & par tout ſuivi de la Victoire,
Charmant, Fidelle enfin, rien ne manque à ſa Gloire.
Songe…

Cleone

SongeDiſſimulez. Voſtre Rivale en pleurs,
Vient à vos piez ſans doute apporter ſes douleurs.

Hermione

Dieux ! Ne puis-je à ma joye abandonner mon ame ?
Sortons. Que lui dirois-je ?