Scène IV
U fuyez-vous, Madame ?
N’eſt-ce point à vos yeux un ſpectacle aſſez doux
Que la Veuve d’Hector pleurante à vos genoux ?
Je ne viens point icy, par de jalouſes larmes,
Vous envier un Cœur qui ſe rend à vos charmes.
Par les mains de ſon Pere, helas ! j’ay vu percer
Le ſeul, où mes regards prétendoient s’adreſſer
Ma flame par Hector fut jadis allumée,
Avec lui dans la tombe elle s’eſt enfermée.
Mais il me reſte un Fils. Vous ſçaurez quelque jour,
Madame, pour un Fils jusqu’où va noſtre amour.
Mais vous ne ſçaurez pas, du moins je le ſouhaite,
En quel trouble mortel ſon intereſt nous jette,
Lors que de tant de biens, qui pouvoient nous flatter,
C’eſt le ſeul qui nous reſte, & qu’on veut nous l’oſter.
Helas ! Lors que laſſez de dix ans de miſere,
Les Troyens en courroux menaçoient voſtre Mere.
J’ay ſceu de mon Hector lui procurer l’appui ;
Vous pouvez ſur Pyrrhus ce que j’ai pû ſur lui.
Que craint-on d’un Enfant qui ſurvit à ſa perte ?
Laiſſez-moy le cacher en quelque Iſle deſerte.