Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/290

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Que dis-je ? L’on m’évite & déja délaiſſée…
Ah je ne puis, Albine, en ſouffrir la penſée.
Quand je devrois du Ciel haſter l’Arreſt fatal,
Neron, l’ingrat Neron… Mais voicy ſon Rival.



SCENE V.

BRITANNICUS, AGRIPPINE,
NARCISSE, ALBINE.

BRITANNICUS.

NOs ennemis communs ne ſont pas invincibles,
Madame. Nos mal-heurs trouvent des cœurs ſenſibles.
Vos amis & les miẽs juſqu’alors ſi ſecrets,
Tandis que nous perdions le temps en vains regrets,
Animez du courroux qu’allume l’injuſtice
Viennent de confier leur douleur à Narciſſe.
Neron n’eſt pas encor tranquille poſſeſſeur
De l’Ingrate, qu’il aime au mépris de ma Sœur.
Si vous eſtes toûjours ſenſible à ſon injure,
On peut dans ſon devoir ramener le Parjure.
La moitié du Senat s’intereſſe pour nous.
Sylla, Piſon, Plautus…

AGRIPPINE.

Prince que dites-vous ?
Sylla, Piſon, Plautus ! Les chefs de la Nobleſſe !