Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/291

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BRITANNICUS.

Madame, je voy bien que ce diſcours vous bleſſe,
Et que voſtre courroux tremblant, irreſolu,
Craint déja d’obtenir tout ce qu’il a voulu.
Non, vous avez trop bien eſtably ma diſgrace.
D’aucun Amy pour moy ne redoutez l’audace.

Il ne m’en reſte plus, & vos ſoins trop prudens
Les ont tous écartez ou ſeduits dés long-temps.

AGRIPPINE.

Seigneur, à vos ſoupçons donnez moins de creance
Noſtre ſalut depend de noſtre intelligence.
J’ay promis, il ſuffit. Malgré vos ennemis
Je ne revoque rien de ce que j’ay promis.
Le coupable Neron fuit en vain ma colere.
Toſt ou tard il faudra qu’il entende ſa Mere.
J’eſſayray tour à tour la force & la douceur.
Où moy-meſme avec moy conduiſant voſtre Sœur,
J’iray ſemer par tout ma crainte & ſes alarmes,
Et ranger tous les cœurs du party de ſes larmes.
Adieu. J’aſſiegeray Neron de toutes parts.
Vous, ſi vous m’en croyez, évitez ſes regards.



SCENE VI.

BRITANNICUS, NARCISSE.

BRITANNICUS.

NE m’as-tu point flatté d’une fauſſe eſperance ?
Puis-je ſur ton recit fonder quelque aſſurãce,
Narciſſe ?